Oui à la Reconciliation sincère!

Bonjour très cher ami Koudou,

Je te demande pardon pour le rendez-vous manqué d’hier. Tu souhaites qu’on s’entretienne pendant 30 secondes chaque jour, au téléphone, et j’ai accepté ta proposition. Malheureusement, hier, à l’heure convenue, j’ai brillé par mon absence. Je sais que ton temps de communication est précieux. En effet, chaque jour, tu as droit à cinq minutes de communication, et le fait que tu veuilles communiquer avec moi pendant 30 secondes, soit le dixième de ton temps de communication, est la preuve que tu as accepté définitivement de gré ou de force, mon amitié. De toutes les façons, tu n’avais pas d’autre choix que d’accepter mon amitié, vu que tu as désormais conscience (cela vient certes un peu tard), que je suis parmi ceux qui ne te mentent pas, et qui osent te dire la vérité. Au demeurant, tu n’as pas le choix, puisque j’ai gagné la bataille des prédictions (remarque que je ne dis pas prophétie, car les prophéties de nos hommes prétendument de Dieu, tu sais plus que quiconque désormais, qu’elles n’engagent que les gogos qui y croient) sur toi et sur tes pasteurs menteurs. Il en est de notre amitié imposée par moi, comme de la paix, qui sera imposée par le camp des vainqueurs à celui des vaincus. Et les vaincus, c’est-à-dire ceux de ton camp, qui après avoir perdu la bataille électorale, ont été lamentablement laminés sur le plan militaire, n’ont pas d’autre choix que d’accepter la paix et la réconciliation. Ce n’est pas très juste, mais étant donné que tu as lu Machiavel comme moi, tu sais que c’est ainsi.

Cher ami Koudou,

Aujourd’hui, je tenterai d’être au rendez-vous…téléphonique. Au fait, si j’ai raté ton coup de fil, c’est parce que j’ai été pris non seulement par des démarches administratives d’exilé qui remplit les dernières formalités avant de retourner dans son pays, mais par une discussion avec l’un de tes supporters. Je ne te dirai pas son nom, parce que de toutes les façons, tu ne le connais pas. C’est l’un des petits présidents des mille associations créées pour soutenir ta candidature. Un petit refondateur si tu veux. Nous nous sommes rencontrés dans un restaurant où il partageait le repas en galante compagnie. L’image ma fait sourire. Les refondateurs ne changeront-ils donc jamais ? Même pendant leur moment de détresse, ils sont fidèles à leur réputation. Alors, dans le restaurant, ce petit gars dénonçait le fait qu’il ait été contraint à l’exil, « alors que la constitution de notre pays l’interdit », et que sa « résidence » (un autre mensonge puisque je connais son entrer-coucher de Sicogi) à Abidjan  ait été pillée. Il parlait suffisamment fort pour que tout le monde l’entende. C’est une habitude « refondatrice ». Après avoir dit bonne arrivée à ce petit gars, et pris les nouvelles de sa femme et de sa fille (sur ce, le sourire de sa compagne s’est crispé et le sien est devenu très jaune), je lui ai dit que je suis heureux qu’il remarque enfin cette disposition de notre constitution, puisqu’au moment où je fuyais, comme d’autres, le pays et que nos maisons étaient pillées par les miliciens, eux, s’en réjouissaient et disaient que nous l’avions bien cherché. Je lui ai dit que la différence entre eux et nous, c’est que nous nous prônons le retour au pays pour sceller la réconciliation, tandis qu’eux, avaient prôné la division et la haine, et continuent de clamer qu’il ne saurait y avoir de réconciliation.

Très cher ami Koudou,

Après t’avoir dit cela, je vais te donner une nouvelle fraîche du pays. C’est une bonne nouvelle pour nous, mais mauvaise, j’en suis convaincu, pour toi. Ton Paul Yao-N’Dré, Super N’Dré, si tu préfères, l’homme qui compte plus de 20.000 bulletins de vote en 2 heures de temps, qui pressé d’annuler des résultats dans le nord du pays, pour inverser l’issue du scrutin, a inclus le département de Séguéla, pourtant non concerné par ta requête, qui sans se rendre compte de sa gaffe, a donné des chiffres détaillés, supérieurs (pour le candidat Ouattara) au total global qu’il a donné, Super N’Dré, dis-je, devrait rentrer au pays, pour investir le Président Ouattara.

Cher ami Koudou,

Je sais que tu ne croiras pas tes yeux, en lisant cela, mais c’est la stricte vérité. Comme le vieux père Fologo, qui raconte à qui veut l’entendre qu’il était obligé d’être dans ton camp pour empêcher que tu gâtes complètement le pays, je suis prêt à parier que lui déclarera à ses proches qu’il a été contraint de t’investir parce qu’il y avait un fusil sur sa tempe. L’autre bonne nouvelle pour nous, mais mauvaise pour toi, c’est que notre président de l’Assemblée nationale, expert en école buissonnière, est rentré de son exil ghanéen. Tiens-toi bien, il a invité au Parlement le Président Ouattara. Peut-être que j’ai oublié, mais je ne crois pas qu’il t’ait fait cet honneur, pendant tes onze interminables années à la tête de notre pays. Tu devrais en tirer les conséquences toi-même. Si tu n’y arrives pas, ce qui ne m’étonnerait pas ; vu que ton cerveau, après une semaine de prison dans la cave (et non dans le bunker, comme tu voulais nous mystifier) ne réagit plus comme par le passé, je me chargerai de te l’expliquer prochainement. Demain, je te donnerai une très mauvaise nouvelle. Apprêtes-toi à l’accueillir.

En attendant, profites pendant que tu en as encore l’occasion, du doux soleil du nord.

Ton ami André Silver Konan

kandresilver@yahoo.fr